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Message JazzDay - Corinne TSAMBA
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Racines et éthiques de jazz : comment apprendre de l'Afrique ?

Le e-commerce : instrument de développement économique local, au service d’une campagne de rebranding de l’Afrique, en mettant en contribution sa diaspora.

 

Introduction

Je suis ravie et très honorée de cette opportunité de contribuer à cette édition de JazzDay organisée par Musique Universelle Arc-en-ciel. Malgré mon éloignement de la tradition des musiciens qui ont inspiré cet évènement, le thème de cette année a fait écho à mes aspirations les plus profondes. Camerounaise, vivant en France, le dialogue interculturel est un sujet qui me touche particulièrement. Aussi, en tant que membre de la diaspora Camerounaise, je suis soucieuse de faire rayonner les valeurs et spécialités de mon pays d’origine. Ainsi, l’objet de la conférence JazzDay de cette année « comment apprendre de l’Afrique » est un sujet brulant d’actualité.

 

Je vais commencer ma présentation en vous parlant de mon parcours personnel. En partant de cette expérience, je poursuivrai mon intervention en développant le lien entre le dialogue interculturel et la diaspora. Par la suite, je présenterai comment le e-commerce peut être un instrument à la fois de développement et de rebranding de l’image de l’Afrique. Enfin, avant de conclure ma présentation, je ferais un détour sur trois projets nés d’initiatives d’entrepreneurs de la diaspora et portés par des valeurs africaines de solidarité, de famille et de partage.

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  1. Vivre à l’étranger : une expérience révélatrice de soi-même, enrichi par l’autre

   

Je suis arrivée en France en 2006 pour faire des études supérieures et ça fait maintenant 14 ans que j’y réside. Lorsqu’on est de la diaspora africaine, on est passionné et habité par une réflexion obsessive sur l’avenir de son pays d’origine. On se demande comment on peut contribuer au développement du pays. On cherche à partager avec ceux qui vivent au pays ce qu’on a appris en vivant à l’étranger. C’est étrange, mais lorsqu’on quitte son pays et qu’on est étranger ailleurs, le sentiment d’appartenance à son pays est encore plus prononcé. Et il est souvent accompagné par une envie d’améliorer les choses.

Ainsi, la distance permet de prendre du recul. C’est comme si on développe une nouvelle vue, une vision plus claire de sa propre culture, car on la regarde avec plus de hauteur. On apprécie tous les contours de cette culture et même ses petits détails.

Cela fait maintenant 14 ans que j’ai quitté mes repères Camerounais pour résider en France. Aujourd’hui je me sens à cheval entre ces deux cultures. Cette situation peut être certes déstabilisante mais tellement enrichissante. C’est marrant que ma famille au Cameroun considère que j’ai désormais une mentalité Française mais qu’en France, il n’y ait aucun doute sur mon identité camerounaise. Naturellement, on devient un médiateur et un facilitateur du dialogue entre ces deux cultures. Pour ma part, c’est une grande responsabilité que je prends avec beaucoup de sérieux.

 

  1. Diaspora : facilitateur du dialogue interculturel

 

 Vivre en France m’a ouvert les yeux sur l’absence de valorisation de ma culture camerounaise, en particulier, sur la richesse de notre gastronomie. Ce que j’apprécie en France c’est que les Français chérissent leur histoire, apprécie leur gastronomie, leur savoir vivre, leur baguette, leur vin, leurs artisans, bref, tous les éléments qui font partir de leur culture.

    

 

Au-delà de cette appréciation, ils la valorisent et en sont fières. En aimant et en valorisant leur culture, ils ont emmené le monde entier à en faire autant. Alors je me suis dit, serait-ce aussi fou qu’en inspirant de ce modèle, en aimant, valorisant la singularité, la pluralité et les spécificités de la culture Camerounaise, nous puissions également un jour faire rayonner notre pays ?

Mais comment ? Comment promouvoir mon pays en sortant des clichés ? Comment se détacher du fantasme animalier, de l’image de pauvreté, des ONG, des dons qui est associé par défaut à l’Afrique.

La richesse de l’Afrique ne se résume pas uniquement à ses matières premières, ni à ses métaux précieux, son pétrole, ses forêts dont ses populations ne jouissent pas. L’Afrique est aussi riche de ses artisans, ses agriculteurs, son humanité et de ses valeurs. A titre personnel, j’affection l’Afrique des « street-food » qui est créative, conviviale, vibrante, goûteuse, et dont les Africains jouissent mais n’ont pas forcément conscience de sa valeur. C’est cette richesse du quotidien que j’aimerai mettre sous le feu des projecteurs. Elle illumine tellement le quotidien qu’on ne s’en rend pas compte car elle fait partir du décor.

 

 

Figure 1: streetfood Kenya, Mombasa Source : Google Image

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C’est étrange, mais c’est en vivant à l’étranger, et en m’immergeant dans la culture Française que cette révélation m’est apparue comme une évidence.

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  1. L’e-commerce : instrument double de développement économique de rebranding de l’Afrique ?

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Il y a actuellement des initiatives qui sont en train d’être menée pour soutenir la qualité les produits locaux en Afrique. C’est le cas de la création du label des Indications géographiques protégées (IGP). Ce label vise à valoriser et préserver les savoir-faire de productions agricoles et leur terroir.

Par exemple, le poivre de Penja et le miel d’Oku, produits au Cameroun, et le café Ziama-Macenta, produit en Guinée, bénéficient actuellement du label Indication géographique protégée.

La valorisation de ces produits et la protection de ces savoirs faires agricoles sont un bon point de départ. La prochaine étape serait de donner aux agriculteurs un accès direct au marché mondial. A ce titre, l’e-commerce apparaît comme l’instrument idéal.

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Figure 2: Poivre de Penja et Le miel d'Oku du Cameroun [ source image1, source image2]. Le Café Ziama-Macenta de Guinée [source image3]

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Pourquoi ne pas utiliser les atouts que la mondialisation à nous apporter ? Ne pourrait-on pas s’inspirer des géants mondiaux du e-commerce tels que Amazon aux USA et Alibaba en Chine ? Ces derniers ont démontré que l’e-commerce est capable de s’affranchit des frontières physiques.

Ce canal dispose de beaucoup de potentiels et peut offrir à nos artisans une visibilité mondiale et leur donner un accès à un marché international – intra Afrique mais aussi hors du continent.

Par ailleurs, l’e-commerce favoriserait la mise en relation sans intermédiaire entre ces artisans et producteurs Africains et le pourvoir d’achat de la diaspora. Aujourd’hui, la possession d’un téléphone portable, la disponibilité d’une connexion internet et des moyens de paiement sont des facteurs encourageant pour persévérer dans cette réflexion.

 

  1. Exemples de projets de la diaspora

     

En préparant cette présentation, je suis tombée sur ce graphe très édifiant. Il illustre les envois de fonds de toutes les diasporas confondues vers les pays à revenu faible et intermédiaire (à l’exclusion de la Chine). Le constant est frappant ! En effet, ce graphe montre que les transferts d’argent des diaspora vers les pays pauvres sont désormais plus élevés que les Investissements Directs Etranger ainsi que de l’aide au développement.

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Fort est de constater que la diaspora Africaine participe à leur manière au développement économique de leur pays. On estimait en 2018 un transfert de fond de 46 Milliards de dollars de cette diaspora, en direction de leurs pays d’origine.

L’un des défis majeurs et prioritaire d’Afrique est celui de la logistique. Néanmoins, certains entrepreneurs de la diaspora ont réussi à faire preuve de créativité et contourner ce problème en proposant du service adapté au contexte local Africain.

Ainsi, j’ai souhaité faire un gros plan sur 3 plateformes de services dont les fondateurs qui, parti du constat d’un besoin spécifique africain, ont réussi à mettre leur esprit d’entreprenariat au service des valeurs tels que la solidarité et la famille.

Dans le secteur de la santé et des Assurances, il s’agit de Diasporasanté et Diaspoassur. Ce sont deux plateformes permettant aux personnes de la diaspora de prendre soin de la santé de leur famille à distance. En fait, en quelques clics, je peux souscrire des forfaits d’assurance pour assurer une couverture santé pour mes proches au Cameroun.

Sur un registre différent, la plateforme Familov, permet à la diaspora camerounaise de payer en lignes pour les courses de leurs proches. Familov s’assurera de réaliser ces courses localement et d’effectuer la livraison. Le périmètre d’action de ces trois projets ne se limite pas qu’au Cameroun, il s’étend sur d’autres pays d’Afrique.

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Figure 3: page d'acceuil de Diaspora Santé, DiaspoAssur et Familov

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Conclusion

 

Le thématique de JazzDay nous interpelait sur la réflexion « comment peut-on apprendre de l’Afrique ? ». Je pense que la réponse à cette question réside au sein de la jeunesse africaine et de sa diaspora qui ont ensemble une carte importante à jouer. De plus, les projets d’entreprise portés par les entrepreneurs de la diaspora africaine sont le résultat de la rencontre de leurs valeurs africaines (famille, solidarité, fraternité) et de leur expérience de vie multiculturelle. Au travers de ces entrepreneurs de la diaspora, le dialogue interculturel occupe une place plus que légitime dans la création de la valeur dans ce contexte mondialisé.

 

 

A propos de l’auteur :

Corinne est une entrepreneuse du digital. Ses centres d’intérêts à ce jour sont la course à pied, l’entreprenariat, l’écriture et les dramas sud-coréens : )

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